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Attentat de Strasbourg : le parquet requiert trente ans de réclusion contre le principal accusé

Une peine de trente ans de réclusion, assortie d’une période de sûreté des deux tiers, a été requise, mardi 2 avril, contre Audrey Mondjehi, le principal accusé du procès de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg perpétré par Cherif Chekatt en 2018. Bien qu’il se prétende « sourd, aveugle, muet et amnésique », l’accusé a été l’« intermédiaire plus que zélé » du djihadiste, a fustigé le Parquet national antiterroriste (PNAT) devant la cour d’assises de Paris.
Audrey Mondjehi, 42 ans, est jugé pour avoir aidé Cherif Chekatt, un ami de quartier, à se procurer l’arme avec laquelle ce dernier a assassiné cinq passants et en a blessé onze autres, le 11 décembre 2018, dans la capitale alsacienne. Des quatre accusés, il est le seul à avoir fréquenté le tueur, ce qui lui vaut d’être jugé pour « association de malfaiteurs terroriste » et « complicité d’assassinats terroristes ». L’assaillant, qui avait prêté allégeance à l’organisation Etat islamique, avait été abattu par les forces de l’ordre après deux jours de traque.
Audrey Mondjehi se fait passer à tort pour un « imbécile » en prétendant qu’il ne savait rien de la radicalisation et du projet violent de Cherif Chekatt, s’étaient indignés les avocats de plusieurs victimes. L’accusé avait expliqué en substance pendant les débats qu’il ignorait la radicalisation de son « copain », et qu’il avait agi pour lui « rendre service », car il pensait que Cherif Chekatt voulait commettre un braquage. « Quel meilleur manipulateur que celui qui se fait passer pour un imbécile ? », avait lancé devant la cour Catherine Szwarc, qui, avec son confrère Claude Lienhard, défend plusieurs dizaines de parties civiles.
Face aux déclarations souvent incohérentes d’Audrey Mondjehi, voire invraisemblables, ses avocats avaient tenté de lui venir en aide en le présentant comme l’« idiot utile » de Cherif Chekatt. Dans ce dossier, il est le « couillon de service », « complètement paumé », il n’est pas doté d’une « grande vivacité d’esprit », « on est frappé par la vacuité de ses conversations », avait ainsi égrené l’un de ses défenseurs, Michaël Wacquez.
Aux côtés d’Audrey Mondjehi sont jugés trois autres hommes, âgés de 34 à 39 ans, à qui le PNAT reproche d’avoir joué un rôle plus mineur pour aider le tueur à se procurer une arme. La qualification terroriste n’a pas été retenue à leur encontre. Ils risquent dix ans de prison.
Ces trois hommes « se retrouvent embringués dans un procès terroriste peut-être un peu trop grand pour eux », avait concédé Marc Ceccaldi, pour les parties civiles. Pour autant, malgré l’absence du tueur, ce procès n’est pas celui des « lampistes », chacun des accusés ayant, à son niveau, joué un « rôle décisif » dans l’engrenage menant à l’attentat, avait-il estimé.
Le PNAT a requis cinq ans de prison contre deux autres accusés, qui comparaissent libres après avoir passé deux ans et dix-huit mois en détention provisoire.
L’un d’eux, Frédéric B., « a choisi en toute connaissance de cause d’être le lien entre l’acheteur et le vendeur [de l’arme], bien qu’il n’ait pas voulu l’acte terroriste », selon le parquet. L’autre, Christian H., a reconnu avoir vendu à Cherif Chekatt, par l’intermédiaire d’Audrey Mondjehi, deux armes qui n’ont pas servi pour l’attentat.
Un quatrième accusé, Stéphane B., était également poursuivi pour avoir mis en relation le vendeur et l’acheteur de l’arme utilisée par Cherif Chekatt le soir de la tuerie. Les débats ont toutefois établi qu’il n’était pas présent le jour de cette mise en relation. Le parquet a requis son acquittement. L’homme a passé quatorze mois en détention provisoire.
Le verdict est attendu jeudi 4 avril.
Le Monde avec AFP
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